Assis là dans sa chaise en plastique de jardin, il attend. Il attend que ce satané feu prenne enfin. Il a mis tout ce qu’il fallait : des brindilles ramassées au fond du jardin, de l’herbe séchée issue de la dernière tonte du gazon, des branchages secs coupés il y a quelques mois de cela au vieux gaïac du poulailler… il restait même des cendres du dernier feu devant lequel avait tourné une belle cuisse de cerf. Mais rien à faire les flammes ne venaient pas, tout juste une fumée blanchâtre agressant les poumons et faisant pleurer les yeux. Et voilà que le temps s’y mettait aussi quelques gouttes commençaient à tomber. Pourtant le site météo annonçait un temps clair pour la soirée ?!

Ils sentait poindre en lui le désespoir, il entendait déjà sa femme taper du pied en regardant sa montre arguant que les enfants avaient faim. Allez une dernière tentative et il ferait cuire cette magnifique côté de bœuf dans une vulgaire poêle sur un feu artificiel dans la cuisine.

Il s’accroupit et se pencha près de son œuvre, ferma les yeux et tout en soufflant lentement d’un souffle régulier et constant, il adressa une supplique silencieuse : « allume toi ! allume toi ! »

Puis avec appréhension, il rouvrit les yeux et c'est là, à cet instant précis, qu'il la vit cette petite braise incandescente, témoin du festin à venir ! Enfin le feu prenez vie.

26 octobre 2022 à Nouméa