Pause salvatrice

Cela faisait bien deux ans qu’elle luttait, voire plus même. Une lutte acharnée contre elle-même surtout. Elle se devait d’être exemplaire, excellente en toutes choses et en toutes circonstances. Telle une cariatide, elle avait toute seule soutenue sa charge mentale qu’elle alimentait inlassablement. A la maison, au boulot, en famille, entre amis … dehors, dedans, en haut, en bas…de toutes parts …

 

Bienveillante, souriante et attentionnée, elle avait une profonde valeur de justice ancrée en elle. Alors quand la première fois elle fit face à l’injustice, elle se démena. Pas contre la personne, non, contre son acte. Pas pour écraser, non, pour aider à trouver une solution, un autre chemin. Elle avait essuyé beaucoup de mépris, d’insultes, de jalousie et toujours en était sortie grandie. Car au final, son combat en valait la peine et beaucoup l’appréciait et l’encourageait dans sa bonté.

 

Dernièrement, le malaise s’était accentué. Grande fatigue physique et épuisement mental. Dans son environnement professionnel, l’ambiance n’était pas au beau fixe. Beaucoup de collègues étaient éreintées aussi et cela avaient des répercussions dans la façon de gérer les difficultés. On ne réfléchissait plus avec bienveillance, on punissait ! Propos dévalorisants, insultants même, gestes brusques et violents envers des enfants si jeunes que la colère de la maîtresse paralysaient. Mais c’était la maîtresse, elle avait forcément raison !

 

D’ailleurs une partie de l’équipe enseignante l’avait déjà mise au ban, écartée des décisions inhérentes au fonctionnement de l’école. Cela avait révolté d’autres personnels qui en avaient aussi gros à dire ! Irrespect, manque de considération, maltraitance, propos injurieux et racistes … De guerre lasse, tous, personnels municipaux (cantinières, aides maternelles, dames de services) ou extérieurs (auxiliaires de vies, intervenants…) en étaient venus à faire des fiches signalantes dès qu’un problème, même mineur, survenait. Ainsi ils espéraient un jour le juste retour de bâton. Mais cela prendrait du temps, ils en étaient conscient et en attendant, ils subissaient tout en se serrant de plus en plus les coudes pour faire bloc contre un management d’équipe totalement incohérent.

 

Elle, elle ressentait de plus en plus le mal être de chacun et n’arrivait plus à faire face. Trop de petits riens s’étaient succédés. Elle n’avait plus la force, son corps était trop épuisé. Trois enfants, un travail, non plutôt une vocation, une maison à tenir…. Son mari l’aidait beaucoup … subrepticement c’est son mental qui avait flanché… ne dit on pas un esprit sain dans un corps sain, ou l’inverse ! Peu importe l’un ne va pas sans l’autre.

 

Elle s’était mise en arrêt de travail. Deux mois et demi et après ce seraient les grandes vacances. Elle avait donc largement le temps pour se poser, pour recharger ses batteries corporelles puis son énergie mentale. Plus dure cette dernière à remettre au bon niveau !

 

Un psychiatre et une psychologue la suivaient. Elle avait décidé de mettre toutes les chances de rétablissement de son coté. Parler, essayer de comprendre ce qui dans son comportement, sa communication verbale et non verbale faisaient défaut ! Et en même temps se rassurer, tous les tords n’étaient pas à sa charge, il fallait reprendre confiance en soi et oser dire clairement ses pensées sans prendre en pitié l’autre, juste exprimer son point de vue, elle en avait le droit ! Tout comme elle avait le droit de ne pas être d’accord avec certaines décisions, certains gestes. Et même si elle était la seule à le penser cela ne diminuait en rien ses valeurs et son jugement. Et surtout ne compter que sur soi-même, car comme elle s’en était de nombreuses fois aperçue, beaucoup tourner leur veste au dernier moment par crainte des représailles ou des éventuelles conséquences professionnelles, avérées ou non ! Tant pis pour eux, ils arrivaient sans doute à mieux gérer la pression et le stress et s’accommodait de cela leur propre conscience. Chacun sa croix, sauve toi toi-même avant de sauver ton prochain !

 

Heureusement elle retrouvait peu à peu le goût aux petits riens, aux instants présents, aux plaisirs simples. Et cela grâce, notamment, à ce mois d’écriture passé beaucoup à lire de nombreux textes. Des proses et des poèmes criant de vérité ou complètement inventés, féériques ou noirs à suspens, plein d’humour ou terriblement tristes… échos de tant de vies, de tant d’âmes.

 

Alors, tout doucement, à ce moment de remise en état de soi, de reprise de confiance en soi, elle était éperdue. Eperdue de reconnaissance envers tous les participants de ce challenge ! A jamais, elle se souviendrait de ses longues heures de lecture à se perdre dans un imaginaire plus ou moins réel, à s’oublier tout en voyant des reflets de sa propre histoire ! L’être humain quelque soit son travail et ses difficultés traversent des zones d’ombres. Certains s’en sortent mieux que d’autres et à tous leurs témoignages sont d’un grand recours pour ceux qui touchent le fond ! Un merci à toutes les personnes de ce défi, merci à eux !



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