Un, DOUZE, zéro

A la une, à la deux, à la trois

Je saute dans tes bras

A la quatre, à la cinq, à la six

Et nos deux vies s’unissent

Comme il est doux d’être blotti tout contre toi

Nos deux corps enlacés ne faisant alors qu’un

Un bel enchevêtrement de membres humains

Tel qu’on ne sait pas à qui, de toi ou de moi

Appartient cette jambe, cette main, ce pied,

Ensemble nous voila uni par l’éternité.

A la sept, à la huit et à la neuf

Nous fécondons un œuf

A la dix, à la onze et à la douze

Je deviens ton épouse

Comme il est tendre de voir grandir ses enfants

De profiter à deux de tous les courts instants

Durant lesquels nous sommes conscients de notr’ bonheur

Malgré de sombres heures qui passent si lentes

Qu’elles donnent l’impression de nous arracher le cœur

Joie tristesse, rires pleurs, nos vies oscillantes !

A la douze, à la onze et à la dix

Si proche de l’hospice

A la neuf, à la huit et à la sept

Une vie, tant de facettes

Notre progéniture déjà nous a quitté

Ne venant plus que quelque fois nous visiter

Afin que nous puissions voir nos petits enfants

Rire et pleurer encore un peu, rester censés

Dans nos pensées avec un vieux corps déchéant

Prendre du bon temps avant d’être périmé

A la six, à la cinq et à la quatre

Nous voilà acariâtre

A la trois, à la deux puis vient le un

Car enfin c’est la fin

Si nous avons un tant soit peu toute notre tête

Nous sommes clairs sur tout ce que nous laisserons

Amour haine, baisers soufflets, tel un esthète

Du futile à l’essentiel, nous déblatérons

Abandonnant ici sur terre biens et humains

Poursuivant vers l’au-delà un autre chemin

Puis j’ose alors avant le grand chaos

Ca et là, de un

A douze, sur un plateau échiquéen

Le voilà, fat zéro !



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