Les pierres de sa mère
Elle était là, assise dans le petit boudoir de sa mère, à se remémorer des souvenirs d’enfance. Et cela n’était pas difficile car dans ce lieu tout rappelait un moment du passé.
Il n’y avait en fait pas grand chose ou plutôt si, il y avait des quantités et des quantités de choses mais d’une seule sorte : des pierres et encore des pierres.
Toute la vie de sa mère avait tourné autour des minéraux. Même le prénom qu’elle lui avait donné de part ses cheveux orangés : Hyacinthe. Elle ne cessait de lui dire qu’elle était « le gemme de sagesse du cœur » et elle enfant croyait entendre « je t’aime de tout mon cœur ».
Oui, ici chaque caillou ramenait un morceau du passé au présent.
Les améthystes : sa mère lui avait raconté que Diane avait transformé Améthyste en pierre pour qu’elle échappe à Bacchus qui de rage l’avait aspergée de vin lui donnant ainsi sa couleur.
Il y avait aussi les cristaux de roches qu’elle dérobait avant d’aller dans le jardin entonner des incantations comme les aborigènes pour qu’il pleuve.
Elle restait de longues heures fascinées devant les insectes momifiés dans l’ambre, écoutant sa mère lui expliquer les origines de cette pierre végétale.
Du doigt, elle suivait les lignes formées dans les agates comme des chemins sur les cartes topographiques de son père.
Longtemps elle avait rêvé du pendentif en rose Incas que son père avait offert le jour de leur 15 ans de vie commune, symbole de l’amour vrai.
En ce temps-là tout allait bien !
Il y avait également dans un coin, comme une sorte de petit autel, des émeraudes vertes d’espoir, un scarabée égyptien figurant l’éternité en lapis lazuli bleu et surtout ce magnifique disque de jade blanc cadeau pour leur 26 ans de mariage et censé protéger des maladies rénales. Mensonge ! Même l’œil de chat détournant le mauvais œil avait failli. Elle était morte d’une insuffisance rénale diagnostiquée tardivement, elle nous voulait peu voire pas de traitement. Et elle, Hyacinthe, l’avait accompagnée de longs mois jusqu’à la fin mettant ainsi sa vie en pause.
Ses yeux se posèrent alors sur l’obsidienne, le dernier trésor que sa mère avait tenu en main. Cette pierre de protection puissante l’attirait.
Comme dans un miroir, elle y voyait des reflets mais pas le sien. Peut-être était ce des fragments de son avenir que lui offrait de l’au-delà l’esprit maternel. Cherchait elle à l’aider à surmonter ce traumatisme, à apaiser son anxiété, à harmoniser ses pensées intérieures ? Qu’importe. Elle l’a pris et l’enfonça dans sa poche. Le futur l’attendait !
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