Le loup et les 7 chevreaux                                        histoire revisitée

Les contes à l'envers est le nouveau challenge d'écriture du Forum des lecteurs de la Fnac.

       "À la manière de ce que Philippe Dumas et Boris Moissard ont déjà proposé : et si l’on refaisait les contes à l’envers ? 
👉 Quelle serait l’histoire du Petit Chaperon Rouge s’il avait été vert ? Cendrillon aurait-elle perdu son soulier si elle portait des baskets ? Quel avenir aurait eu Aurore en ne se piquant pas le doigt sur le fuseau ? 
Vous voyez où nous voulons en venir ? Reprenez la trame d’un conte et retravaillez-là pour en proposer une tout autre approche. "

      Voici un premier essai de conte revisité.


Vous connaissez sans doute, tous et toutes, l’histoire du loup et des sept chevreaux. Celle dans laquelle le loup meurt à la fin en se noyant dans le puits ou la rivière selon les versions ; celle encore dans laquelle la maman chèvre lui ouvre le ventre et récupère ainsi ses chevaux sains et saufs !

Seulement voilà, on vous a menti. On a cherché délibérément à vous faire croire n’importe quoi ! Je vais donc maintenant rétablir la vérité. Un conseil si vous ne voulez pas la connaître, ne lisez pas la suite. Et si vous êtes curieux et avez soif de vérité, poursuivez mais ne venez pas vous plaindre à la fin.

Par un bon matin d’avril, le premier si je ne m’abuse, Maman chèvre part de chez elle pour aller faire des courses au marché. Avant de s’en aller, elle recommande à ses 7 chevreaux (des septuplés, une galère à éduquer) de n’ouvrir à personne, elle leur dit qu’elle serait de retour dans une heure et qu’elle appellerait sur le fixe de la maison, ils reconnaitraient alors la sonnerie qui lui est associée et lui ouvriraient la porte.

Les chevreaux, tout à leur occupation : console de jeu, ordinateur, tablette, ebook … acquiescent aux propos de leur mère. Maman Chèvre s’en va en soupirant « Enfin ! C’est comme ça ! La jeunesse d’aujourd’hui est hyper connectée. »

Le Loup qui passait dans le coin vit Maman chèvre s’en aller sur son scooter et se dit alors que cela était vraiment une aubaine pour lui : les chevreaux, des proies faciles, feraient un excellent déjeuner. Il est tellement affamé et il doit bien se nourrir comme tout le monde non !

Se rappelant les histoires racontées par son grand-oncle Albert au coin du feu lors de veillées de Noël, il se dit qu’il est inutile de frapper à la porte car les chevreaux doivent avoir des consignes très strictes « Ne pas ouvrir la porte ! Ne pas parler à un inconnu ! » et d’autres encore dans le même genre !

Il observe la maison, remarque la cheminée mais point de fumée. Il décide donc de tenter sa chance. Il monte sur le toit, descend avec une corde dans la cheminée (merci oncle Eustache) et quand il est sûr qu’aucun feu n’est allumé, il se faufile jusque dans l’âtre. Les chevreaux sont tellement obnubilés par leurs écrans qu’ils ne s’aperçoivent de rien.

Alors le loup, vif comme l’éclair et agile comme un singe, les égorge un par un, tous, sans exception ! C’est un vrai carnage, le sang gicle de partout. Je vous laisse imaginer la scène (ou pas !). Comme il a très faim, il en dévore deux sur place et met les autres dans son grand cabas. Puis il se dépêche de filer avant que Maman chèvre ne revienne.

Petite pause : non, il ne les gobe pas tout rond, ils sont beaucoup trop gros. Le loup a certes une grande gueule mais il ne faut pas exagérer quand  même. Vous vous imaginez en train d’engloutir, disons, sept cailles, sans les mâcher … Un peu de sérieux et de vraisemblance !

Bien sûr à son retour, Maman chèvre est dévastée. Sa maison est sans dessus dessous ; du sang coule des murs qui semblent avoir été repeint à coup de pinceaux rageurs dans une tentative d’art projeté ; sur le sol et les tapis des tâches vermillon dessinent un fond comme une série de touches de couleur ; sur le canapé, il semble qu’un monstre ait lacéré de ses immenses griffes les coussins laissant des marques effrayantes ; les jeux des ses chers petits sont éparpillés de partout, cassés, écrasés, réduits en purée ! Et bien sur aucune trace de ses rejetons ! Ce pourrait il que quelqu’un les ait enlevé ???

Comme vous vous en doutez, le choc a été si violent que Maman chèvre a fait un arrêt cardiaque quand son cerveau, après un long moment d’hébétude , a compris ce qu’il s’était passé.

Deuxième pause : désolée mais elle n’a effectivement pas trouvé le loup en train de ronfler sous un arbre ; elle n’a pas non plus ouvert son ventre, sans anesthésie générale, sans qu’il ne se réveille, pour en sortir indemnes ses petits sans une égratignure et même pas digérés ! Mais qu’est qu’on nous ferait pas avaler comme sottises !

Quand au loup, il avait à manger pour encore deux bonnes semaines. Cependant, s’il avait écouté un peu mieux (et plus) sa grand-mère Agathe, il aurait conservé ses proies dans son frigidaire et surtout n’aurait pas mangé les sabots qui sont totalement indigestes !

Au bout d’un mois, il commença à souffrir de maux d’estomac. La douleur était telle qu’il finit par se rendre aux urgences de l’hôpital. Le médecin en chef qui l’ausculta lui diagnostiqua de multiples occlusions intestinales (14 en tout !). Malheureusement, il était trop tard pour faire quelque chose, il ne lui restait tout au plus qu’une semaine à vivre. Il mourut la veille de la fête des mères, en repensant à Maman chèvre et à ses sept chevreaux !

Voilà, vous savez tout. Je ne vous ai dit rien que la vérité sans enjoliver les choses car la vie est cruelle, c’est ainsi. Ne vous inquiétez pas, dans ma prochaine révélation, je vous montrerai comme la vie est aussi pleine de joie et de bonheur ! A bientôt …



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